Retour sur ce we veuvage précoce

Un we, éphémère, pour se rencontrer et retrouver un élan

Pourquoi ai-je envie d’écrire sur ce week-end? C’est la question que je me pose.

Je retrouve pourtant chaque mois des groupes de parole de personnes endeuillées, c’est un plaisir, où la part d’inconnu est bien présente : qui sera là, dans quel état d’esprit, que va-t-il s’y passer ce jour là?  Chaque séance est évidemment différente, et chacun en ressort  modifié. Mais je sais que je les retrouve le mois d’après. Le lien est là.

Le we dernier, c’était le 2ème dans ce lieu Fondacio à Versailles (il a lieu une fois par an), auquel j’apportais ma contribution. Un groupe que je ne connais pas, avec lequel je passe 2 jours, avec des échanges forts en groupe, et des séances individuelles très intimes et intenses.

Ce groupe vivra ensuite ou non, je l’espère, via un groupe whatsapp et des activités partagées, ou non,  mais je ne le suivrai pas. Un instant intense et éphémère, comme une goutte d’eau dans ces moments de vie douloureux. Je ne sais pas ce que chacun va devenir , j’aimerais garder un lien, avoir de leurs nouvelles, dans 1 an , 2 ans, 10 ans, 20 ans. Partager leur traversée à leurs côtés. Car en 2 jours, je m’attache à leurs vies, à leurs conjoints décédés, à leurs enfants que je ne connais pas, à leur entourage plus ou moins soutenant et bien sûr à chacun d’entre eux. Des vécus qui résonnent en moi, des fils qui tissent des liens. 

Mais c’est bien là le propre d’un coach ou accompagnant : accompagner vers l’autonomie, et lâcher cette part de toute puissance que chacun possède. (sujet intéressant pour un prochain article!)

La vie est faite de rencontres, celles qui durent, qui se transforment en amitié ou en amour, et celles qui sont là pour panser, soigner, se construire, se reconstruire, y voir plus clair en soi, pour s’ancrer et retrouver un élan. Il y a les rencontres pour lâcher prise, s’amuser, rire, s’éclater, se sentir vivant. Chaque jour est fait de contacts éphémères, un regard que l’on croise, on sourire échangé dans un magasin, un mot, une phrase, qui nous font vivre, ressentir, partager. 

Chaque rencontre est unique, chaque instant non duplicable, ce qui les rend magiques. La magie de l’éphémère. Mais l’empreinte est là, qui reste plus ou moins longtemps. 

A chacun de garder ce qui est bon pour lui, et d’évacuer le reste. 

De ce we, je conserve les regards bienveillants échangés, la complicité, la compréhension dans un sourire, la consolation dans une présence. La fraternité d’être ensemble, sans jugement, juste être là pour l’autre, à sa juste place. 

Chacun est expert de sa vie, des rencontres peuvent mener à des prises de conscience, qui amèneront de nouvelles perspectives, un nouveau champs d’action, des éléments qui ouvriront de portes, ou pas. 

Alors, chers participants, je vous souhaite le meilleur. Ce chemin de deuil est long mais chaque jour est une avancée. Même quand vous allez mal, le processus de deuil est là, en sous-marin, avec vous, pour vous aider. Il veille sur vous, et vous accompagne pour réussir à vivre avec ce deuil.

La semaine dernière, j’ai eu la joie de voir et d’écouter Boris Cyrulnik au Grand Rex sur « Ecriture et résilience », et j’ai noté « on a besoin d’écrire ce qu’on sait pour élaborer et reprendre possession des décisions de son existence, de son monde et le reconstruire ». 

Je confirme, écrire libère, et fait sortir de soi.