Le choc de l’impensable

L'inconcevable n'a pas pu arriver!

Le choc de cette destruction partielle de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

On a envie de retourner en arrière et de la retrouver ce matin intacte, telle qu’elle a toujours été dans le profil du quartier latin.

Cette présence solide, tellement ancienne, qui a été le témoin de moments historiques. Edifiée par des générations d’artisans qui ont dédié leur vie à sa construction. 

Cette ombre bienveillante, qui protège les Parisiens, les Français, les touristes venant du monde entier. 

De part sa fonction religieuse, que l’on soit croyant ou non, sa destruction nous touche. Un tel symbole en flamme n’était pas du domaine du concevable. Et si ça a pu arriver, alors que dire de notre propre vulnérabilité? Si un édifice aussi imposant, aussi majestueux, aussi symbolique, aussi ancien a risqué d’être totalement anéanti, que dire de nous? N’est-on pas renvoyé à travers ce drame à notre propre fragilité? Oui, demain tout peut arriver, le meilleur comme le pire.

Aujourd’hui, des émotions et des pensées tourbillonnent dans nos têtes, parfois contradictoires. 

Aujourd’hui je me dis :  » J’aurais du prendre le temps le mois dernier d’entrer dans Notre-Dame que j’aime tant, pour pouvoir en profiter, et là  c’est trop tard ». Et si, et si…

Et mon esprit vagabondant ainsi, je me dis qu’il faut que je profite des gens que j’aime, et d’être heureuse, car tout est altérable. Mais les « il faut que », les injonctions que l’on s’impose fonctionnent peu. Peut-être juste essayer de chercher les possibilités pour vivre en accord avec soi-même serait déjà un premier pas.

J’ai dévié de mon sujet premier qui est Notre-Dame de Paris. Pour vous dire à quel point mes émotions me mènent plus loin aujourd’hui, en ce lendemain de catastrophe. Mais j’accepte ce fouillis d’idées, car il est bien normal. Et ce passage dans ce chaos me mènera vers une autre étape, je le sais. Mais à l’heure qu’il est, je me laisse traverser par ces émotions intenses, pour réussir à intégrer la réalité. La réalité d’une perte, une perte symbolique pour moi, et pour toute la nation, et chose encore plus extraordinaire, pour le monde entier. Nous sommes unis par cette perte. Faut-il une souffrance pour nous unir? Notre-Dame nous alerte-elle sur l’importance de bien vivre ensemble? D’être tolérant, d’oublier un peu nos egos pour prendre soin de l’autre? A l’heure où le choc de cet incendie la personnifie, s’est-elle sacrifiée pour nous faire passer un message? Elle est le cœur de Paris, nous parle-t-elle de cœur à cœur? 

Après toutes ces réflexions métaphysiques qui sont le propre du deuil, je reviens sur terre. Je remercie tous ces pompiers, et toutes ces personnes qui ont travaillé, des heures durant, dans une chaleur étouffante, dans des conditions inimaginables, pour la sauver, peut-être aussi pour nous sauver.

Je n’aurai pu imaginer un trou béant à sa place. Alors merci à chacun de ces héros.

L’heure viendra de parler du futur, mais prenons le temps de réaliser et d’intégrer ce drame et ses conséquences.

Et merci Notre-Dame d’être toujours debout, même amputée, ta présence reste.